Trail de Bourbon 2014 (Ile de la Réunion)

Un voyage extraordinaire

LA REUNION : Une île de contraste entre mer et montagne, une terre d'aventure entre cirques et litoraux, un lieu de rencontres ou la tranquilité est reine. Des années que j'en rêvais ! ! ! et je n'ai pas été déçu.

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10 jours, 7 trailers, 1 équipe, 93km, 9 restau, 1 volcan, des lagons, etc... des  milliers d'images. Merci chérie de m'avoir dit : VAS Y ! ! !

Le trail de Bourbon, Version "light" de la diagonale des fous :

La vidéo ici -->  https://www.youtube.com/watch?v=d-350TWHD9w&feature=youtu.be

Dès la descente de l'avion, les trailers sont accueillis par la musique, le président de l'épreuve et un buffet local. On comprend immédiatement ce que représente "le grand raid" pour l'ïle. C'est une institution, une fierté pour chaque habitant, l'évènement de l'année sur cette terre du bout du monde !

Cela se vérifie plus que jamais lors du départ de la diagonale. Entre accompagnateurs et locaux, ce sont plus de 20 000 personnes qui sont venus assister au départ des 2400 fous qui s'apprêtent à vivre l'aventure de la Diag. Concert, feu d'artifice, le départ est donné dans une ambiance incroyable, et cette ambiance sera légion à chaque ravitaillement et dans chaque village durant toute l'épreuve. Que la clameur des spectateurs fait du bien dans la difficulté.

Un peu plus de 24h plus tard, 4h du matin à CILAOS (km0) :  c'est notre avanture qui commence. LE TRAIL DE BOURBON: 93km,  5200D+, 6500D- sur un territoire qui nous est inconnu et qui va nous surprendre à plus d'un titre ! PAN. C'est parti. Après 8,5km roulant pour étirer le peloton, le mur de Kerveguen se dresse face à nous. 1100m de dénivelé dont 800m en 2km. C'est 40% de pente moyenne. Il me faudra 2h pour en venir à bout et parvenir au premier ravitaillement au Gîte du Piton de la Fournaise (km13). Le soleil levant irradie les sommets environnants et la mer de nuages. L'instant est magique.

Mais la magie laisse vite place à la réalité. La descente qui suit est d'une technicité redoutable. Le relâchement ne pardonne pas. CRAC, une cheville ! Quelques secondes de pause. Plus de peur que de mal. Cet avertissement vaudra pour toute la course. Ludo chutera dans cette même descente; sans trop de mal. Plus bas, les énormes ornières et cailloux ont laissé la place aux racines et à la boue. Ca glisse, c'est ludique, mais on avance pas ! 2 heures de descente sont nécessaires pour rejoindre le ravitaillement de Hellbourg (km25) ou  Ludo me rejoint pour une halte salutaire.

Rassasiés, nous repartons ensemble sous un soleil de plomb. 3km de descente en bitûme plus tard et la pente s'inverse. Il fait plus de 30° et, d'après un autochtone, la montée qui se présente devrait durer plusieurs heures. Je laisse Ludo à l'ombre d'une tonelle pour monter à mon rythme sous un ciel qui heureusement s'est couvert. La chaleur se fait moins suffocante, mais la pente est raide et longue pour rejoindre la Plaine des Merles (km39) . Il m'aura fallu près de 3h pour en venir à bout. Juste le temps de déguster une bonne soupe que la pluie se met doucement à tomber. Doucement puis surement; ça tombe dru sur le sentier Scout qui mène à Mafate, mais c'est un des rares chemins depuis le départ ou on peut courir, alors je déroule. La foulée est bonne et la pluie qui ruisselle sur mon visage amène une fraicheur agréable. Je me régale.

Après cette interminable descente vers Aurère (49km) qui marque la mi parcours, le soleil a repris ses droits. Nous sommes au coeur du cirque de Mafate. Ici, aucun autre accès que les sentiers. Il fait de nouveau très chaud et les escaliers qui mènent au village ressemblent à un chemin de croix. L'accueil est à la hauteur de l'effort fourni : haie d'honneur de pom pom girls, musique et ravito à l'école du village. Comme beaucoup, je m'offre 30min d'un break bien mérité, allongé dans l'herbe. Le chemin est encore long...

J'aborde la descente qui suit avec un Réunionais du Tampon. Le tronçon est joli et pas trop raide, ce qui nous permet de papoter. Il en est à son 3eme Trail de Bourbon, et me fournit donc des infos précieuses sur la suite du parcours. Arrivés à 2 bras (km56), la nuit est tombante. Un carrie poulet saucisse lentille, des chaussettes sèches et propres, la frontale, et me voilà parti pour affronter la nuit, et la redoutable et redoutée montée de dos d'Âne.

Je suis plutôt bien en jambe et décide donc de l'attaquer au train derrière un petit groupe. Le sentier de quelques cm de large en balcon  est très raide et très technique, tantôt barré par de gros blocs à escalader, tantôt équipé de cordes pour sécuriser le pas. Le rythme est soutenu.  En haut, nous ne sommes plus qu'un duo à avoir tenu ce rythme. Au milieu d'une foule impressionnante, nous nous tapons dans la main en remerciement du soutien mutuel apporté. Je suis dans un état de grâce. Un de ces moments d'euphorie que l'on connait toujours avant des moments plus difficiles. J'en profite. Je cours. La nuit est apaisante. Le chemin sablonneux est agréable à courir. Puis la descente devient raide, très raide. Il faut constament s'accrocher aux arbres pour ne pas se laisser emporter par la pente. Je trouve cela amusant. D'autres trouveront cela horrible.

Le ravitaillement de "chemin Ratineau" (km64) et 2 compotes englouties plus tard, je poursuis sur mon rythme, profitant de la douceur et du silence la nuit. C'est si apaisant que beaucoup profitent de quelques instants de repos allongés à même le sol sur le bord du sentier. Pas moi. Toujours un oeil sur la montre, je m'accroche à l'espoir de finir en moins de 24 heures... 

Espoir vain. Après l'euphorie, le moment du coup de moins bien tant redouté arrive irrémédiablement. Je suis à Possession (km72). Il ne reste "que"  26km mais les jambes se font lourdes. Entre dormir et courir mon coeur balance. Je fais un sort à quelques belles rondelles de saucisson pour me donner du courage, et je repars affronter ces pavés dont tout le monde parle : "le chemin des anglais". J'ai la bizarre sensation de ne plus avancer, pourtant, les trailers autours de moi ne vont pas beaucoup plus vite. Sur ces énormes dalles de pierres volcaniques noires mal jointées, je ne suis donc pas le seul à commencer à coincer ! Ca monte, et ça descend... puis ça remonte ? ? ? surprise du chef : le profil ne montrait pas cela. Et pour corser l'affaire : ma frontale rend l'âme. C'est donc à la lueur d'une frontale partagée avec un collègue de galère que j'effectue la fin de la descente vers Grande Chaloupe (km79). Merci l'esprit Trail.

Ca sent la fin... mais ce n'est pas fini. La dernière montée vers Colorado cumule encore plus de 800m de dénivelé. J'effectue une grande partie de la montée avec un "Raideur". Je suis admiratif. Il monte à mon rythme (ou l'inverse), mais en ayant parcouru plus de 150km !!! Mes yeux se ferment. Je lutte pour ne pas dormir et contre une irrépressible envie de me jeter dans un talus pour y trouver quelques minutes d'un sommeil régénérateur. Par 2 fois je vais succomber. 2 fois 5 minutes qui donnent l'impression d'être des heures et qui donnent la force de repartir. Il fait toujours nuit noire. Dommage, car Lysou et Ludo me décriront un superbe panorama de jour.

Colorado (km88). Enfin ! Il ne reste que la descente vers Saint Denis. 5km de descente vers la délivrance. Je prends magré tout le temps d'une pause sous la tente de cet ultime ravito. Les bénévoles sont toujours aussi attentionnés et gentils. Les quelques mots échangés redonnent du courage. Je ne m'attarde pas trop car la fatigue aidant, on se refroidi vite, d'autant qu'il y a beaucoup de vent. Cette dernière descente est interminable. Technique toujours. On aperçoit le stade en contre bas. Puis on devine les encouragements du speaker au micro. Un frisson me parcours. J'entre dans l'arène, le si renommé stade de la redoute, aussi surnommé stade de la délivrance. Les derniers hectomètres se font en marchant. Pour profiter. Savourer ce sentiment d'accomplissement, gouter à la plénitude de l'instant en se repassant les 93 000 m parcourus, en pensant à tous ceux qui nous ont soutenus dans ce projet.

Une charmante réunionaise me passe la médaille autours du cou. Je suis l'anonyme 358eme du Trail de Bourbon, mais je suis finisher, et fier de l'être....

S'ensuivra une longue attente pour enfin partager le récit de cette grande avanture avec mes amis de galère qui tous auront vécus une grande course avec ses joies et ses aléas.

Fiche course tdb

Date de dernière mise à jour : 29/04/2021